Ombre forte

Bretagne, 2002

La route vers la lumière est encombrée de fardeaux. Quand supporterai-je et entrerai-je dans l’ombre terrifiante de mes nuits ? Quand arriverai-je au fond de mon puits ? Ce puits de l’âme, il me faut le creuser, atteindre le fond, la cime inversée dans l’eau du ciel. Tant d’extériorité à porter, tant d’illusions à assumer vainement. Tant de richesses ensevelies dans le silence de nos tombes. Nos tombes, l’histoire de nos chutes consenties dans l’ignorance, le refus de voir clair, le refus de l’éblouissement incommodant de la lumière. Insupportable lumière quand elle révèle nos médiocrités, les scories de l’âme, les grains de poussière de nos incurvations dévitalisantes. La lumière fait mal, mais sa brûlure guérie. L’ombre apaisante de nos démissions (celle qui exclut la pleine lumière) nous fait du bien, mais sa vertu antalgique mortifie. A l’ombre-démission, je préfère l’ombre du plein Soleil.

« Au coeur de la nuit le jour, Nuit de la nuit… »
(Michel Deguy)

La photographie porte en elle cette dialectique créatrice et jamais dissoute du jour et de la nuit.

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