Artefact

Vannes, le 7 mars 2020

Artefact (mot anglais, du latin artis facta, effets de l’art). Altération du résultat d’un examen due au procédé technique utilisé (Dictionnaire Larousse)

Alep (février 2000)
Des sourires inoubliables

Mon voyage en Syrie au début de l’année 2000 m’aura réservé bien des surprises. J’ai peu photographier la Syrie, juste quelques photos. Je ne voulais pas être touriste mais simple passant attentif dans ce pays « berceau des civilisations (…), patrie des valeurs spirituelles » (Dr Bashir Zurdi, conservateur des antiquités classiques au Musée national de Damas).
Des surprises, disais-je, comme celle d’être acueilli par des hôtes chaleureux, par un peuple souriant, infiniment aimable, hautement hospitalier. Les syriens m’ont touché, et je garde parmi mes meilleurs souvenirs, gravées dans ma mémoire pour longtemps, ces visages de femmes, d’hommes et d’enfants aux sourires inoubliables.

Parmi les quelques photos que j’ai faites à Alep, il y a celle-ci, prise depuis la citadelle (datant du XIIIe siècle). Je viens de la redécouvrir vingt ans après. Je ne l’avais pas développée à mon retour de Syrie, et c’est en numérisant mes négatifs le mois dernier que je découvre, étonné, cette photographie pour le moins étrange. Deuxième surprise.

Artefact

Il y a ces quatre silhouettes énigmatiques dans la douve asséchée à droite de l’image et surtout cet artefact en bas à gauche, superposé à la tour avancée nord en ruine. A droite de cet artefact, cette étrange ombre portée en forme animale (lion, griffon ?). Et en zoomant sur l’artefact, comme une silhouette féminine ?

Détail

Cette vue depuis la citadelle d’Alep interroge car, n’est-ce pas le propre de la photographie d’interroger le réel ou plutôt notre rapport au réel, à la vérité ou à la véracité de ce qui est, a été ou n’est pas, n’est plus, d’interroger la rapport entre le paraître et l’imparaître ? Car la photographie ne porte-t-elle pas en elle-même, en son essence, la multitude des possibles côtoyant la réalité manifeste et indiscutable de ce qu’elle montre (une silhouette est une silhouette, cette personne qui marche dans la rue a marché dans cette rue, même si nous ignorons tout d’elle). Du champ ouvert des possibles, la photographie fait parfois surgir au-delà même de ce qu’elle documente dans son apparente objectivité, des formes, des informations visuelles non désirées, accidentelles, indicielles qui renversent, subvertissent le sage ordre des choses voulu ou pensé par le photographe. Comme dans cette photographie prise depuis la citadelle d’Alep en février 2000, où bien malgré moi, l’étrangeté de l’imparaître a fait surface.

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