
L’imparaître est au paraître ce que l’impensable est à la pensée. Il n’est pas pure négation mais empêchement.
Dans l’Imparaître il y a beaucoup de possibles, comme il y a beaucoup de pensées empêchées dans l’impensable. Empêchées par tout un réseau de codes, par des agencements de sens enchevêtrés à l’intérieur desquels l’œil innocent, dans sa pure clarté, ne peut qu’échouer à exprimer pleinement la pure beauté de la vie.
Ai-je d’autres choix que celui d’accepter mon incapacité foncière (nature humaine imparfaite, blessée…) et apprendre patiemment, encore et encore, à composer, dialoguer avec cet empêchement. Existe-t-il un autre chemin que celui de continuer à produire des images empêchées, aveuglées ? A me vouer à l’Imparaître, m’y enfoncer, m’y risquer, comme unique voie vers l’essence même de toutes choses ? Car l’Imparaître est ce lieu intime, imprenable, obscurément lumineux d’où des images jaillissent sans bruit, étranges, fragiles, évanescentes… Au Royaume de l’Imparaître il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus !